Eve et moi n’avons pas pris de petit déjeuner. Et on a bien fait.
Aziz vient nous chercher avec son 4×4, la lumière du matin rend Marrakech encore plus rose.
On fait connaissance, les paysages changent peu à peu. C’est plus sec, plus brut, vallonné.
Des montagnes à perte de vue. La route n’est pas large. Cheveux au vent, l’iphone en main, Eve prend des photos.
Un premier berger, beau, sculptural, assis sur la montagne, pensif. Un autre, puis un autre. Tous très beaux. Le sourire aux lèvres, le visage tanné.
Une halte improvisée pour un petit déjeuner marocain. Du pain, de l’huile d’olive et le thé à la menthe, dans une famille du cru: Latifa et ses enfants; son mari nous rejoindra plus tard avec un salut timide, mais chaleureux. Ils nous regardent, nous aussi. Les enfants avec des yeux écarquillés. Un sentiment de partage, même si les échanges sont difficiles.
Je connais quelques mots d’arabe, mais ici, on parle berbère. On fait des photos, on rit, on court après un ânon. Les enfants montent à cinq dans le 4×4 tandis qu’Eve et moi allons à pied, deux cents mètres sur le chemin du village. Des chèvres se désaltèrent au point d’eau, face au précipice. La vue est à couper le souffle.
Les villages que nous traversons ensuite sont tous beaux, quoique chacun ait son caractère. Encore des bergers partout sur les dunes, sur les rochers.
Nous déjeunons avec Saida qui nous attend avec sa soeur Khadija : un tajine délicieux et un incroyable dessert traditionnel à base de semoule, de cannelle, d’amandes et de sucre.
Après le déjeuner, Saida nous fait la visite: la ferme, la maison, puis on s’écroule toutes les deux dans les coussins de la terrasse.
Le retour est musical, silencieux, déjà nostalgique. On attrapait du regard tout ce que pouvait contenir notre mémoire. Les couleurs, les odeurs, la lumière de la montagne, ces visages, ces regards et ces rires.
Retour en ville. Marrakech et ses couleurs, le bruit, l’effervescence, la pollution des scooters. Eve pense à haute voix: “C’était bon de quitter la civilisation le temps d’une journée.”
Textes et photos : Marie Bastide